Emmanuel Macron le mandat de trop ?
Entre la chute spectaculaire de Bayrou, la nomination de Lecornu, sa démission éclair après seulement 14 heures — un record — puis sa renomination malgré de très fortes contestations, le système politique français n’a jamais semblé aussi chaotique.
La suspension annoncée de la réforme des retraites a calmé le jeu… pour le moment. Mais est-ce un véritable recul ou simplement un feu d’artifice politique avant la prochaine étape ? Dans un climat toujours aussi tendu, les mouvements sociaux et les incertitudes gouvernementales se poursuivent, plongeant la France dans une instabilité profonde.
Pour comprendre ce que pensent vraiment les citoyens, nous descendons dans la rue, au plus près des Français, afin de recueillir leurs avis et leurs interrogations sur cette période agitée.
Dans les rues d’Avignon, et de Cavaillon les citoyens s’expriment sans filtre : que faudrait-il faire pour remettre la France sur les rails ?
Alors que le paysage politique vacille et que les repères institutionnels s’effritent, les citoyens, eux, continuent d’observer, de commenter, parfois de résister.
Dans les rues d’Avignon et de Cavaillon, leurs voix résonnent, mêlant scepticisme, colère et lueurs d’espoir. Plongée au cœur de ces paroles brutes, qui racontent une France inquiète, lucide, mais loin d’être indifférente.
Les prénoms suivis d’un astérisque* ont été modifiés à la demande des personnes interrogées.
Un « syndicat d’intérêts » au sein de l’État
Une grande partie des habitants interrogés s’informent sur la politique. Nathalie S., 
ancienne employée de banque, ou Justine*, fleuriste, suivent l’actualité politique de très près, 
et pourraient être qualifiées de « politisées » ; la première hésita un temps à s’engager dans un 
parti, et la seconde discute très souvent de politique avec sa famille. Cependant, « suivre 
l’actualité politique » n’est pas forcément synonyme de militantisme.
Si Héloïse*, libraire, suit l’actualité politique, elle ne prendra pas part aux manifestations ou aux mouvements sociaux.
De la même manière, Grand, artiste peintre, est sensible aux enjeux écologiques ; pour autant, 
il ne manifeste pas, préférant adopter un mode de vie en accord avec sa pensée politique -ici, 
manger bio.
 
Ces quelques portraits pourraient faire croire que tous les vauclusiens se sentes près du 
monde politique, qu’ils s’y intéressent toujours. La réalité est bien évidemment plus nuancée. 
Pour Anna*, la rupture avec la politique s’est faite lors de ce que l’on appellerait, ironiquement, 
la « valse du cornu » ; agacée par le départ, puis le retour de l’actuel Premier Ministre, cette 
conseillère en agence de voyage a décidé de prendre du recul par rapport aux évènements 
politiques. Il faut dire qu’elle n’est pas la seule à ne plus s’y retrouver.
Hugo*, barman à Cavaillon, voit la politique comme « un monde flou », nébuleux, au sein duquel « on a du mal 
à savoir ce qui se passe ». 
Karim* résume ce point de vue de manière assez piquante ; avec 
les « incompétents que l’on a au sommet de l’État », rien d’étonnant à ce que la situation soit
« brouillon ».
Cette situation parfois nébuleuse, parfois exaspérante, soulève évidemment la question 
de la confiance. En effet, peut-on avoir confiance en des gens qui démissionnent moins d’un 
jour après la nomination de leur gouvernement ?
Ollir, gérant d’un magasin de déstockage, affirme que les intérêts personnels priment désormais sur les intérêts politiques. Pour lui, c’est un « syndicat d’intérêts » qui s’est mis en place au sein de l’État : nos hommes et femmes politiques penseraient d’abord à s’enrichir, et la France viendrait après.
Karim*, étudiant, partage ce constat : la politique, ce ne serait qu’un moyen de s’octroyer des avantages 
financiers, et le patriotisme serait aussi réel que les emplois fictifs de certains parlementaires.
Justine*, elle, n’a plus aucune confiance en l’État -que l’on parle de Macron, ou de 
Lecornu. D’après ses dires, les plus hautes sphères du gouvernement sont influencées par les 
lobbys, les patrons de grands groupes commerciaux (Auchan, LVMH, etc.). Ce cynisme 
apparent s’accompagne malgré tout d’une forme d’espoir : Justine* garde ainsi confiance en
ses élus dits « de proximité » : son maire, sa députée.
Anna*, pour sa part, croit entièrement en E. Macron ; elle fait ainsi partie des 14% des Français (selon un sondage Elabe pour nos 
confrères des Échos) à toujours avoir confiance en lui.
Ce manque de confiance global – et l’actualité de septembre nous l’a prouvé – va de 
pair avec un retour des mouvements sociaux.
Le mouvement « Bloquons tout ! » du 10 septembre, aurait rassemblé entre 175 000 (selon le gouvernement) et 255 000 (selon la CGT)
manifestants, et ce à travers la France. Au-delà de cette incapacité à savoir si 80 000 personnes
ont ou n’ont pas pris part à cette manifestation, pour Héloïse*, ces mouvements sont tous 
inutiles. D’après elle, la démocratie s’essouffle, les citoyens ne sont plus écoutés, que ce soit 
dans les urnes ou dans la rue. Si « les politiques ne jouent plus selon les règles », à quoi bon 
tenter de leur faire lire le manuel ? 
Son collègue, Clément*, partage ce sentiment. Il constate une perte d’indépendance des médias, tous plus ou moins influencés par les lobbys et les grands groupes. En tant que libraire, il observe également une hausse des achats de 1984, roman culte 
de Georges Orwell. Il soutient que la situation actuelle se rapproche de plus en plus de celle du 
livre. Les médias seraient de moins en moins indépendants, et « réalité » rimerait avec
« dystopie ».
« La France se fait nostalgique des années 1948-1959 »
Dans ce contexte de défiance vis-à-vis des institutions, un sujet cristallise, encore 
aujourd’hui, toutes les tensions : la réforme des retraites.
Promulguée en 2023 sous le gouvernement d’Elizabeth Borne, cette réforme – qui décale l’âge de départ à la retraite à 64 ans – pourrait être suspendue d’ici peu.
C’est en tous cas le souhait de Sébastien Lecornu, et l’une des mesures phares portées par son second gouvernement. Mais selon Nathalie S., l’objectif de cette suspension est avant tout « d’acheter le Parti Socialiste », de « s’éviter la censure et faire passer le budget ».
Le PS, en effet, n’a pas voté les motions de censure du jeudi 16 octobre, évitant ainsi au gouvernement de faire ses valises – s’il les avait seulement défaites.
De la même manière, Michelle*, employée de La Poste à la retraite, estime que cette suspension 
n’est qu’une façade. Derrière cet apparente concession se cacheraient d’autres mesures « anti
sociales », qui creuseraient davantage le fossé des inégalités. Hugo* partage ce sentiment, qualifiant cette tactique de « mesquine ».
Au-delà des questions soulevées par la suspension, la réforme des retraites continue 
d’animer les débats.
Est-ce vraiment une bonne idée de travailler plus, ou ne faudrait-il pas 
trouver de l’argent ailleurs ?
Héloïse* et Clément* penchent tous deux pour la seconde option. 
D’après eux, il est « absurde de chercher de l’argent auprès des pauvres », alors qu’il serait 
possible de taxer les ultra-riches.
C’est notamment l’idée portée par la « taxe Zucman », rejetée en commission parlementaire ce lundi 20 octobre, qui voudrait imposer un impôt de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.
En cela, Héloïse* et Clément* s’opposent à Grand : celui-ci insiste sur la nécessité de cette réforme, arguant que « tout le monde doit 
contribuer, pas seulement les jeunes ».
Reconnaissant malgré tout le droit, pour ceux ayant exercé des professions dites « pénibles », de partir à la retraite plus tôt, l’artiste peintre affirme qu’il faut « savoir faire des compromis ».
Avec une réforme au centre des tensions et des Premiers Ministres qui jouent à la chaise 
musicale – la comptine « trois petits tours et puis s’en vont » pouvant être l’hymne des gouvernement Barnier, Bayrou ou Lecornu I, au choix–, il apparaît évident, voire nécessaire, de chercher un responsable à cette crise politique.
Qui blâmer, alors que la France et la Vème République se font nostalgiques des années 1948-1959 ?
Nicolas*, agent immobilier, pointe du doigt Emmanuel Macron.
La dissolution de l’Assemblée Nationale (en juin 2024, ndlr) était, selon 
lui, « une grosse bêtise » : depuis les élections législatives de 2024, l’Assemblée Nationale est 
fragmentée en trois blocs, chacun se revendiquant majoritaire alors qu’aucun n’atteint les 289 
sièges.
Nicolas* n’est pas le seul à penser ainsi : Gabriel Attal lui-même, sur le plateau de TF1, 
affirmait il y a deux semaines « ne plus comprendre le Président de la République ».
Pour autant, Grand est persuadé que cette dissolution était nécessaire. « Après la victoire du RN aux 
élections européennes », il semblait important de redonner la voix aux Français.
Chiara*, chanteuse d’origines italiennes, blâme également Emmanuel Macron.
Mais selon elle, les parlementaires ne sont pas blancs comme neige : la gauche lui apparaît comme 
« incapable de s’entendre » et de s’unir autour d’un programme commun.
Pourtant, Chiara* affirme voter et militer à gauche, et plus encore, a cru en la NUPES et au NFP – ces deux unions 
s’étant avérées de véritables « déceptions », tant la NUPES est aujourd’hui oubliée et le NFP 
n’a plus de « front » que le nom.
Karim*, pour sa part, dirige sa colère contre les « vieux politiciens qui, pour s’enrichir, ont abandonné l’identité Française », revenant ainsi sur sa critique de l’absence de patriotisme chez nos dirigeants. Henri*, instituteur à la retraite, regrette quant à lui un « individualisme profond », estimant que tout irait mieux si chacun pensait davantage au « collectif » et laissait derrière lui cette doctrine du « chacun pour soi ». Nathalie S., enfin, dénonce « l’hypocrisie des dirigeants stupides ».
« Un député peut faciliter les choses, pas les régler. »
Gérard* est propriétaire d’un bar/restaurant à Cavaillon. Lorsqu’on lui demande s’il a 
confiance en ses élus, sa réponse est catégorique : non. De son point de vue, les hommes et 
femmes politiques sont « dans leur tour d’argent », bien loin des problématiques de leurs 
électeurs. Ces reproches, il le précise, sont avant tout adressés au maire de Cavaillon, M. Gérard 
Daudet, et à Mme. Bénédicte Auzanot, députée RN de la 2e circonscription du Vaucluse. 
Nous avons réussi à joindre Mme. Auzanot, afin de nous entretenir, par mail, avec elle.
En exclusivité, l’Opinion Vauclusienne vous propose un (cours) entretient avec Mme. la 
députée.
[L’Opinion Vauclusienne :] Que répondez-vous à ceux qui estiment que les élus de la 
circonscription sont insuffisamment présents sur le terrain et difficiles à solliciter sur les 
problématiques locales ? 
[Bénédicte Auzanot :] Je répondrais qu’il ne m’appartient pas en tant que parlementaire 
de juger de ce que font ou pas l’ensemble des maires de la circonscription (…). Les élections 
municipales sont en mars prochain. Si des citoyens sont mécontents, c’est le moment idéal pour 
décider d’un changement.
[L’Opinion Vauclusienne :] Certaines personnes disent ne pas se sentir écoutées ou représentées dans 
leurs revendications. Comment percevez-vous cette critique, et quelles actions menez-vous pour 
renforcer ce lien avec les habitants du Vaucluse ?
[Bénédicte Auzanot :] Le lien existe. Je reçois régulièrement des citoyens. Je réponds 
aussi souvent à des demandes d’intervention auprès des administrations. Il est parfois pour moi 
possible de faire aboutir des demandes, parfois pas. Un député peut faciliter les choses, pas les 
régler. Ainsi, et par exemple, je ne peux en aucune manière intervenir dans le cours d’une 
plainte ou d’un procès.
Sur le volet politique, je suis une députée du Rassemblement national. 
Mon appartenance politique est donc claire. J’ai été élue sur le projet du RN. Je ne porterai donc 
pas les revendications politiques d’un électeur de LFI ou du PS. Quoi de plus naturel ?
« Si vous pouviez dire un mot à Paris, qu’est-ce-que ce 
serait ? »
Rares sont les occasions, pour les citoyens, de s’adresser directement à l’État. Aussi est
ce pourquoi certains ont choisi l’Opinion Vauclusienne pour faire passer un message à nos 
dirigeants (bien qu’il faille un gros coup de chance pour qu’ils tombent sur cet article).
- « Je leur dirai de discuter, mais surtout, surtout, de faire des compromis, des compromis, 
et encore des compromis ! » Grand. 
- « On est un pays qui fonctionne avec le vote. Il faut nous écouter. » Chiara*. 
 
- « Revoyez vos copies. C’est assez explicite. » Nathalie S. 
 
- Et, pour terminer en beauté, avec une pointe d’espoir en l’humanité : 
« Croyez en l’humain. Il y a une grosse part d’honnêteté à retrouver. » Henri*. 
Si les avis recueillis témoignent d’une diversité de perceptions et de sensibilités politiques, une constante demeure : la défiance envers les institutions et les responsables politiques reste forte. Dans ce contexte incertain, les prochaines semaines s’annoncent décisives pour le gouvernement, entre maintien de l’ordre social, relance du dialogue démocratique et gestion des réformes en suspens.
Raphaël K. (rédacteur, journaliste sur le terrain)
Enzo Campagni (journaliste sur le terrain)
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