Mobilisation du 10 septembre : entre espoir, colère et désillusion

Publié le 10 septembre 2025 à 20:26

En ce 10 septembre, la mobilisation sociale lancée sous le mot d’ordre « Bloquons tout » a trouvé un écho varié à L’Isle-sur-la-Sorgue. Armé de mes notes et de mon carnet, je suis allé recueillir l’avis d’habitants venus d’horizons différents. De retraités de l’éducation nationale à un bijoutier du centre-ville, en passant par une ancienne plongeuse et un agent de sécurité, leurs témoignages révèlent un mélange de lassitude, d’attente et de colère face à la situation politique et sociale actuelle.


Des retraités qui voient le temps changer

Pour deux anciens de l’éducation nationale, la mobilisation est d’abord un symbole fort : celui du mécontentement grandissant envers le gouvernement et, en particulier, Emmanuel Macron.
Ils estiment que les efforts liés à la dette devraient être équitablement partagés, rappelant qu’à leur époque ils avaient pu acheter une maison et vivre convenablement. Aujourd’hui, constatent ils, leurs enfants peinent à s’en sortir sans soutien familial.

Sur le plan politique, ils se disent baladés de droite à gauche, convaincus que les partis ne défendent plus l’intérêt collectif mais leurs propres agendas. « Les députés nous bercent d’illusions et ne nous représentent plus vraiment », résument ils, avec une désillusion palpable.


Un bijoutier désabusé mais revendicatif

Le commerçant interrogé, bijoutier de profession, ne note pas d’impact direct de la mobilisation actuelle sur son activité grâce à l’attrait touristique de la ville. Mais il perçoit un ras-le-bol général : pour lui, la mobilisation traduit l’indifférence du président face aux attentes des Français.

Sur le plan institutionnel, son jugement est tranché : la Ve République est arrivée à bout de souffle. Selon lui, les trois grands blocs politiques incapables de s’entendre paralysent le système de part leur divergence et leur clivage idéologique. Il appelle à une VIe République et dénonce une démocratie biaisée, minée par les corruptions budgétaires, la censure et le soutien des médias au pouvoir en place.


Une recherche d’emploi et un agent de sécurité : entre scepticisme et colère

Pour une ancienne plongeuse en cuisine actuellement en recherche d’emploi, la mobilisation est légitime mais promet peu de résultats : « tout le monde ne l’appuie pas vraiment », dit-elle. Elle insiste sur la difficulté d’accéder à un travail et ne croit pas que la nomination du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, change la donne : « il est dans la continuité de Macron, donc rien ne changera ».

Un agent de sécurité rencontré se montre encore plus amer. Selon lui, la mobilisation ne représente qu’une infime partie des problèmes de la société française. Il juge la situation déplorable et estime que la France est en déclin. Son analyse est sombre : pour lui, les élites se réjouissent de cette situation qui leur permet de renforcer leur pouvoir et d’accentuer le fossé entre les classes sociales.


Entre scepticisme et volonté de changement

Ces témoignages, bien que différents, convergent sur un point : la crise de confiance envers les institutions et la classe politique. Entre retraités nostalgiques d’une époque où l’ascenseur social fonctionnait, commerçant appelant à un changement de République et travailleurs précaires doutant d’un réel impact des mobilisations, une constante demeure : le sentiment d’être ignorés.

La mobilisation du 10 septembre, au-delà des cortèges et des slogans, illustre donc une France traversée par le doute. Certains y voient une étincelle nécessaire, d’autres une lutte vaine. Mais tous partagent une conviction : le statu quo ne peut plus durer.

Enquête d'opinion réalisée par Enzo Campagni 

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